les enfants précoces ont besoin d'aide

13/06/2011 10:19

« La précocité d'un enfant doit vite être décelée »

jeudi 14 avril 2011 Françoise Feuillet est psychologue, agréée à l'Afep. Elle interviendra samedi, lors de la conférence.

Françoise Feuillet est psychologue, agréée à l'Afep. Elle interviendra samedi, lors de la conférence.

L'Association française pour les enfants précoces propose une conférence publique samedi. L'occasion de sensibiliser et d'informer parents et enseignants sur la question.

Entretien

Françoise Feuillet,

psychologue à Rennes, spécialisée dans l'évaluation des capacités intellectuelles et du comportement des enfants.

Quel est le but de la conférence prévue samedi ?

Celle-ci est organisée par l'Association française pour les enfants précoces (Afep). Elle mène ponctuellement des actions pour sensibiliser le grand public sur cette question. L'important est d'éduquer les enseignants et les parents pour que les enfants vivent au mieux leur précocité. Les parents ont besoin d'entendre qu'ils ne sont pas seuls dans cette situation, les enseignants doivent être renseignés au maximum et les enfants peuvent ainsi se rencontrer.

Comment détecte-t-on un enfant précoce ?

Un enfant précoce n'est pas forcément un petit génie. Il est simplement plus curieux et saisit les choses plus rapidement que la moyenne. Souvent, ses centres d'intérêt ne sont pas en accord avec son âge. De manière schématique, la précocité touche environ deux ou trois enfants par classe. Un petit est considéré comme tel lorsque son quotient intellectuel dépasse 130. À partir de quatre ans, on peut commencer à effectuer des tests, même s'il est préférable d'attendre six ans.

Quels sont les problèmes engendrés ?

Il y a deux stades en réalité. En maternelle et en primaire, ces enfants ont des difficultés d'un point de vue relationnel. Ils ne trouvent pas de place et n'arrivent pas à se faire de copains car ils n'ont pas la même manière de fonctionner. Puis, tout dépend de leur personnalité : timides, ils peuvent se renfermer dans leur coin. Extravertis, ils deviennent vite les rebelles de service.

Et au niveau scolaire ?

D'après les statistiques, en fin de 3e, un tiers de ces enfants se débrouille bien, un tiers tourne entre 8 et 10 de moyenne et le dernier est en échec scolaire. Il existe un grand décalage entre le potentiel de départ et le niveau d'études. Tout simplement parce que ces élèves n'ont pas mis en place de stratégie de travail. Or, plus on avance dans les études, plus on demande de la rigueur. Du coup, cela devient plus difficile pour eux de travailler et d'organiser leurs pensées.

Les classes spéciales sont-elles une solution ?

En maternelle et primaire, pas question. Au contraire, ces petits ont besoin d'être socialisés au maximum, de rencontrer d'autres enfants qui ne leur ressemblent pas. Ensuite, au collège, cela dépend de la personnalité de chacun. Si la scolarité pose un réel problème, pourquoi pas. Mais cela ne doit pas dépasser un an ou deux. À mon avis, ce qui importe le plus, c'est l'écoute de la part du corps enseignant. Et pour cela, il faut se donner les moyens.

Que deviennent les enfants précoces à l'âge adulte ?

Certains, à l'adolescence, ressentent un mal-être profond, exacerbé si leur précocité n'a pas été détectée à temps. Mais à partir du lycée, le décalage est moins grand. Les jeunes s'y retrouvent. Ils restent des observateurs du monde mais s'y habituent. L'important est d'en parler, de mettre en lumière cette précocité, pour qu'ils la vivent au mieux.

Recueilli parAnne-Laure LE JAN http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_--La-precocite-d-un-enfant-doit-vite-etre-decelee-_-1763737------35238-aud_actu.Htm