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Le blog de nounoupascale.over-blog.com

la vie professionnelle d'une assistante maternelle qui pose des questions et cherche des réponses

pour mieux comprendre son enfant, un livre

Quels sont les freins à une relation parent-enfant harmonieuse ?
Tendance Santé : Pourquoi est-ce si difficile de comprendre un enfant ?

Harry Ifergan* : « L’enfant, dès son plus jeune âge, ne parle pas. Pour communiquer, il utilise des pleurs et des cris qui peuvent être mal interprétés. Un enfant est traversé par des sentiments incompréhensibles pour lui-même. Il ne sait pas les lire, ni les interpréter. Parfois, ces sentiments sont contradictoires : un enfant peut être content de voir son petit camarade et le mordre quand même au lieu de l’embrasser.

La rencontre entre un désir et son interdit provoque toujours un conflit psychique. Ce type de conflit psychique, nous en vivons tous, tous les jours, et les enfants encore plus. Comme l’enfant n’en a pas conscience, les parents comprennent d’autant moins bien ceux de leurs enfants. Et quand un enfant n’est pas compris, cela débouche sur une crise. C’est pour aider les parents à comprendre ces crises avant qu’elles n’éclatent, qu’en partie, j’ai écrit le livre "Mieux comprendre votre enfant".

En tant que parents, nous devons rester humbles et modestes car, rappelons-nous, nous sommes aussi passés par ces phases à leur âge. Ce que les enfants font, nous l’avons fait subir à nos parents. Il faut que nous, parents, comprenions que nos enfants ressentent des sentiments contradictoires. Nous devons également apprendre à reconnaître nos propres affects et sentiments internes. Savoir ce qui nous habite, comprendre nos capacités et nos limites, permet de les expliquer et de faire coordonner nos émotions et ressentis avec ceux de l’enfant. Et un enfant mieux compris est un enfant qui se sent mieux et qui se développe mieux. On évite ainsi les consultations inutiles chez le psychologue. »

T.S. : Y’a-t-il un âge plus difficile qu’un autre ?

Harry Ifergan : « Il y a une difficulté à chaque âge. Cela dépend si l’enfant est le premier, le deuxième ou le troisième d’une fratrie. Lorsqu’il s’agit d’un deuxième ou troisième enfant, les parents semblent les élever avec moins d’appréhension que l’aîné. Le niveau d’idéalisation que les parents misent sur leur enfant compte tout autant, et ça, l’enfant le ressent. En effet, on désire parfois tellement un enfant parfait qu’on en demande trop à son enfant.

Depuis la naissance jusqu’à l’âge de 7 ans se met en place un processus d’évolution normal, qui passe par des phases sympathiques et d’autres moins. Il faut que les parents comprennent que ces phases délicates sont aussi des passages obligés et importants à traverser pour l’enfant. La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! »

T.S. Pourquoi est-ce si important de bien communiquer avec son enfant ?  

Harry Ifergan : « Une bonne communication entre parents et enfants est essentielle. Il faut favoriser la verbalisation, c'est-à-dire inciter son enfant à dire ce qu’il ressent, ce qu’il pense. Lorsqu’il n’y parvient pas, le dessin, le jeu peuvent l’aider à s’extérioriser. Il faut aussi, en tant qu’adulte, savoir parler de soi, de ce qu’on aime et n’aime pas, de ce qu’on ressent (la joie, la colère, le calme, l’hésitation, etc.) de manière à faire comprendre à son enfant qu’il est normal et souhaitable de parler de soi. Dialoguer aussi entre parents indique à son enfant qu’il est bon de dire ce qui nous anime au fond de nous-mêmes.

Mais attention aux excès. On note aujourd’hui une surabondance de sollicitations à faire parler les enfants à tout prix et pour tous les sujets. On leur demande d’exprimer tout ce qu’ils ont sur le cœur, sans retenue et presque de manière indécente, sans intimité. Au point où certains enfants deviennent envahissants par la parole. On ne peut les arrêter, et c’est une logorrhée qui s’installe, sans que les parents n’osent arrêter l’enfant. Il devient alors le centre du monde et cela ne lui rend pas service. Au contraire, il faut lui apprendre à dire, mais juste ce qu’il y a à dire. »

Tendance Santé : Comment nous, parents, pouvons-nous faciliter la communication avec notre enfant ?  

Harry Ifergan* : « J’ai un "petit truc" pour faciliter la communication avec son enfant, réguler son débit, et lui apprendre à sélectionner ce qu’il faut dire : au moment du coucher, après l’histoire du soir et le câlin, demander à l’enfant de raconter une chose positive qui s’est passée dans la journée (et pour laquelle on le félicitera) et une chose négative. L’important est de lui faire exprimer principalement ce point négatif. Cela permet au parent de dire à son enfant qu’il le comprend, qu’il l’entend et qu’il prendra le temps de discuter de ce qui le chagrine sur le moment ou le lendemain matin, si le sujet est complexe.

Cette petite astuce amènera également l’enfant à sélectionner une seule chose à dire parmi d’autres, de faire le tri, et de donc de définir des priorités. C’est le moyen de lui apprendre à choisir une option et surtout d’apprendre à renoncer aux autres. Car les enfants ne savent pas toujours renoncer. Cette expérience permet de comprendre qu’on ne peut pas tout avoir, que l’enfant n’est pas tout-puissant.

Enfin, l’avantage de ce conditionnement positif est que l’enfant, habitué depuis tout petit à ce rituel nocturne, aura souvent envie de le maintenir jusqu’à l’adolescence. Or, pour les parents, savoir que leur adolescent n’hésitera pas à se confier à eux lors d’épisodes négatifs est bien sûr plus rassurant. »

T.S. Par quels autres moyens peut-on aider un enfant à s'exprimer ?

Harry Ifergan : « Un enfant a besoin d’exercer une activité sportive, qui permet une extériorisation psychique et physique avec des règles. Une activité culturelle, comme les arts plastiques, la danse ou le théâtre, offre la possibilité à l’enfant d’exprimer ce qu’il ne peut pas dire.

Une chose qu’un papa peut faire avec son fils : organiser un rituel, chaque samedi ou un autre jour, au cours duquel ils joueront tous les deux à la "bagarre" pendant un temps limité, variable en fonction de l’âge de l’enfant. C’est un très bon moyen pour les petits garçons d’évacuer l’agressivité qu’ils ont envers leur père, dans un cadre limité, avec des règles (par exemple ne pas taper sur le visage ou dans le bas-ventre, le papa peut se battre à genoux, avec une seule main pour plus d’équité).

Il est également important de s’octroyer du temps avec son enfant, de façon rituelle. On doit donner du temps à chacun de nos enfants, en fonction de leurs besoins et des phases qu’ils traversent. Il faut être équitable mais pas forcément égalitaire.

Raconter une histoire le soir à ses enfants permet de se rapprocher d'eux et favorise le développement de leur imagination et de leur intelligence. Les pères qui rentrent tard, le soir, à la maison, peuvent se sentir frustrés de ce moment de complicité. Dans ce cas, dans un tiroir du bureau, vous pouvez garder en double trois ou quatre livres d’histoires que votre enfant aime. A l’heure d’aller au lit, téléphonez-lui et, à distance, lisez-lui la petite histoire de son choix. Il aura l’impression que vous êtes proche de lui par votre voix. Ce type d’astuce compense la communication de proximité qui n’est pas facile à maintenir lorsqu’on est loin de ses enfants.

T.S. Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire votre livre "Mieux comprendre votre enfant" ?

Harry Ifergan : « Je constate que de plus en plus de personnes, adultes comme enfants, consultent un psychologue. Les consultations d’enfants chez le psychologue augmentent parce que les parents se posent des questions sur leur(s) enfant(s) et sur le bien-fondé de leurs méthodes d’éducation. Mais ils consultent parfois trop vite et trop souvent et ne font plus appel à leur bon sens ou à leur intuition.

Autrefois, on demandait l’aide du pédiatre ou des grands-parents. Aujourd’hui, les parents envahissent les cabinets de psychologues. J’ai écrit ce livre dans le but de montrer aux parents comment leur(s) enfant(s) fonctionne(nt). Il est nécessaire de connaître les processus de développement de l’enfant pour mieux comprendre comment il évolue. Le psychologue ne doit intervenir qu’en dernier recours. »





* Harry Ifergan vient de publier "Mieux comprendre votre enfant" (éd. Marabout, janvier 2011, 12 euros).

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