13 Octobre 2011
Bruno Cirodde, psychothérapeute.
À quel âge apparaissent les premiers signes de violence et comment se manifeste-t-elle ?
Les premiers signes de violence apparaissent dès les premiers pleurs, après la naissance. Quand il a faim, le bébé a une sensation mortifère c'est-à-dire une sensation de mourir même si ce n'est pas vrai.
Cette situation va générer une extrême violence chez lui. Il va pleurer, crier, et se révolter. C'est à la fois du chagrin et de la révolte.
Vers 2-3 ans, la violence se traduit par « je mords, je griffe, je tape, je fais tomber, je prends ».
L'enfant ne devient pas violent, il le reste.
Les jeunes enfants sont-ils aujourd'hui plus violents ?
Depuis une dizaine d'années environ, les enseignantes en petite section qui ont de l'expérience le remarquent : les enfants mordent, bousculent et tapent davantage qu'auparavant.
Comment peut-on expliquer ce phénomène ?
Aujourd'hui, les enfants sont éduqués autour de leurs désirs. Ils sont de plus en plus dans le passage à l'acte alors que la parole devrait suffire. On constate également que dans certains cas, un des deux parents le plus souvent la mère comprend ce que le bébé dit : ce que l'on appelle le non-verbal. Et le fait qu'elle traduise continuellement sans que son enfant ait à demander les choses peut retarder le moment où cet enfant va gérer ses problèmes par la parole.
Quel rôle jouent les parents dans tout ça ?
Le rôle des parents est d'humaniser leur enfant, c'est-à-dire lui apporter un contact auditif, sensoriel avec les autres. Dès qu'il va marcher, l'enfant va être dans ce qu'on appelle le passage à l'acte : il pense et il agit. Après le passage à l'acte, il y a la parole. Il faut que les parents emmènent l'enfant jusqu'à la parole, pour qu'il puisse dire ce qui ne va pas, sans hurler ou taper.
À quel moment faut-il consulter ?
Si un parent pense que la situation n'est pas grave et que l'autre pense le contraire, l'écart est tellement grand qu'il faut consulter. Cela ne veut pas dire forcément faire une psychothérapie, mais se faire aider pour avoir des gestes éducatifs ou pédagogiques permettant à l'enfant d'évoluer. Si les parents arrivent, malgré deux visions différentes, à trouver une position commune, généralement ils ne consultent pas.